Famille

Bonjour je suis une Mère Indigne ou pourquoi il faut se déculpabiliser

08 mars 2016 - 00 : 32

A l'occasion de ma grossesse, ma belle-mère m'avait offert Mère Indigne, Mode d'emploi. A première vue, j'aurais pu mal le prendre, mais une fois la lecture commencée, je l'ai dévoré (bon, en même temps ce n'est pas du Rousseau, ça se lit assez vite). (Je n'ai rien contre Rousseau mais je garde un souvenir ému de ses Confessions que j'ai dû lire pour le bac et du nombre de fois où je me suis tout bonnement endormie sur mon bureau...).

Ce livre était ma première lecture autour de la grossesse et de la maternité qui ne me vendait pas de la béatitude intégrale en tube à propos de la crevette qui grandissait dans mon ventre.

Depuis un peu plus de deux ans que j'ai été promue au grade de Maman premier dan, j'ai eu un certain nombre d’occasions de vérifier que c'est une expérience extra mais qu'il faut bien être honnête, on ne vit pas dans une petite maison dans la prairie tous les jours ! (Constat fait notamment au sujet de la fabrication de yaourts...). On fait comme on peut en espérant ne pas faire trop de boulettes, mon cœur repose le couteau à viande sur la table.

Et puis, il faut bien dire que je prends aussi un malin plaisir à raconter mes galères éducationnesques, ben oui si mon blog ne servait qu'à raconter combien la maternité est une expérience digne des plus beaux contes de fées dans lequel on n’est jamais fatiguée, on n’a jamais mal au dos, on adore l'odeur des couches (surtout au réveil), rien ne nous fait plus plaisir que d'être en retard tous les matins au boulot, etc... il serait bien moins intéressant, non ? (Pour peu que ce que j'écrive vous intéresse, mais si vous lisez ces lignes c'est que ça doit être le cas un petit peu quand même).

Admettre que l'on n’est pas des parents parfaits mais que l'on fait de notre mieux est une chose, voir des étrangers appuyer là où ça fait mal et jouer les moralisateurs en est une autre. Ca vous donne, au choix, l'envie de leur faire manger leur conseil en leur laissant l'humaine miniature et en les défiant de faire mieux ou la désagréable impression que le conseil de classe vous a attribué un « Peut mieux faire » pour l'ensemble de votre oeuvre. 

Par une chance apparemment exceptionnelle, nous avons eu une place en crèche pour la Chouquette, tout s'y passe très bien, les nounous sont gentilles, les activités variées... Oui mais (parce qu'il y a toujours un mais il paraît) la mission d'une crèche est de garder votre progéniture pendant que vous vous épanouissez êtes au travail, mais visiblement pas de vous aider ou de vous conseiller, faut pas trop en demander ! Peut-être que c'est une option, il faudrait que je relise notre contrat.

Il y a quelques mois, la Chouquette a traversé une phase assez rude où elle ne voulait pas dormir et faisait beaucoup de colères ; ajoutez à ça la fatigue accumulée depuis près de deux ans et vous obtenez un cocktail explosif. 

Un matin, plus fatiguée que les autres, j'ai discuté un peu avec une des nounous qui m'a dit que c'était normal, que c'était une phase, bla bla bla... Ok, mais une fois qu'on a dit ça, on n’est pas tellement plus avancé, j'espérais naïvement quelques conseils mais non ; faut vraiment que je me renseigne sur cette option ! Quelques jours plus tard, dans le casier de notre Chouquette nous avons trouvé un dépliant pour une espèce de groupe de parole pour parents en difficulté, no comment...

Il y a quelques temps, nous nous sommes fait la réflexion que la Chouquette n'avait pas été malade de l'hiver, elle a fait son immunité l'année dernière, c'est cool ! Et quelles économies ! Elle a dû nous entendre ; la semaine dernière, elle nous a donc fait des petites pointes de fièvre à plus de 39°. 

Mardi soir, une visite à 66€ plus tard, verdict : énoooormmme rhino et si la fièvre était encore là le jeudi, il fallait passer une radio pour écarter la pneumonie. Mercredi à la maison, ok, pas plus de 37,8 ; jeudi matin idem, hop retour à la crèche qui avait pour mission de nous appeler si sa température remontait. Jeudi soir : « elle a fait un peu de fièvre mais on ne lui a rien donné et on ne vous a pas appelés parce qu'elle allait bien », ok très bien. 

Vendredi matin :
- Ben vous êtes là ? Non, c'est qu'on pensait que vous l'auriez gardée à la maison vu qu'elle a eu de la fièvre hier.
- Elle a eu de la fièvre à ce point là ?
-  Oui, 38 ! Vous n’avez pas fait la radio ? Et elle a combien ce matin ?
- Ben heu... comment vous dire, comme vous ne nous avez pas dit qu'elle avait eu plus de 38, on s'est dit que c'était p't'être pas la peine de l'exposer à des rayons pour le plaisir... Quant à sa température ce matin, à vrai dire elle a une bonne tête, le front frais donc je ne lui ai pas prise.
- Ah bon. Ben on vous appelle si ça ne va pas, alors...
- Faites donc ça. 

Je suis donc une maman qui avoue que ce n'est pas toujours évident, qui ne se précipite pas pour faire jouer à sa fille le rôle de la valise sur le tapis de la douane à l'aéroport, et qui ne lui prend pas sa température chaque matin juste pour le plaisir. Bonjour, je suis L. et je suis une mère indigne.

Petite bibliothèque déculpabilisante  (liste non exhaustive) :
- Mère indigne mode d'emploi d'Anne Boulay
- Mamaaaaan ?! Quoi encore ? de Mademoiselle Caroline
- Mauvaises mères ! : Les joies de la maternité de Nadia Daam, Emma Defaud et Johana Sabroux

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