Famille

La théorie du « rebound guy », cet ex qui m’a fait du bien

30 octobre 2014 - 10 : 00
Cher toi qui sais presque tout de moi sans savoir qui je suis. Je porte en moi un secret terrible qui me pèse tant que je n’ai d’autre choix que de te le révéler aujourd’hui : moi, qui déteste, par-dessus tout, toute forme d’approximation, j’ai un ex, qui n’en est pas vraiment un, et je l’ai revu récemment. Il était là. J’étais là. Et notre histoire, qui n’en est pas vraiment une, entre nous, bien palpable, malgré mes efforts d’omission.

Notre histoire, qui n’en est pas vraiment une, s’est déroulée il y a cinq ans de cela. Pour la résumer en deux mots : CHALEUR HUMAINE.

Après plus de deux ans de célibat intégriste, provoquée par une rupture fracassante à base de « j'te trompe et ma copine est enceinte, je suis l’homme le plus heureux du monde », je me suis plongée dans un mutisme émotionnel fort confortable, me rendant hermétique à toute forme d’attirance envers les hommes. La peur de souffrir une nouvelle fois, de tomber plus bas que terre et de repasser par la phase  je me bourre la gueule 5 soirs par semaine pour arrêter de penser, pour arrêter de pleurer, pour arrêter TOUT. LE SILENCE ABSOLU. PAS UN BRUIT DANS MA TETE. LE NEANT. LES BATTEMENTS DE MON COEUR. Puis remonter à la surface, là où tout est possible.

Bref, tout ça pour dire que je pense m’être reconstruit une virginité pendant cette période. Mon seul écart, une galoche nocturne, mal amenée, dans une boîte gay suintant le vice sur « Don't cha » des Pussycat Dolls, autant dire que la vulgarité était au rendez-vous ! Et peut-être encore une autre dans une boîte de nuit espagnole avec un mec au prénom de galette mexicaine, Nacho je crois, qui a dû avoir la trouille de sa vie, tellement j’étais entreprenante (euphémisme). Mais allez plus loin ? Non non non ! Beaucoup trop risqué.

Et puis un jour je l’ai vu. Je l’appellerai SB, pour Sex Bomb. Car à peine avait-il effleuré ma joue, qu’il avait mis le feu à tout mon corps. Mon corps embrasé par cet interdit que je m’étais fixé : un mec plus jamais ! Quoique… finalement… on verra bien…

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En toute objectivité (mouais…), SB était intensité, sensualité, sexualité. Il a rallumé une flamme que que je m’étais employée à inhiber. Bref, ce qui devait arriver arriva. Je l’avais bien cherché et je n’avais pas pris la peine de brouiller les pistes. Le message était assez clair, une séduction assumée qui m’étonnait moi-même et qui avait l’air de lui convenir. Toi qui me lis et qui dois te demander pourquoi je te raconte tout ça, sache que j’avais la peur au ventre. Pas d’être nue contre son corps brûlant. Non. Mais de penser à lui tout le temps, d’avoir l’appétit coupé en sa présence, de rifougnier comme une gamine de 16 ans. J’avais envie de lui. Mais j’avais la trouille d’en être amoureuse.

Bref, ce qui devait arriver arriva. Je sais je me répète. Une attraction incontrôlable, je me jette sur lui, une fougue cataclysmique, des baisers à 3 ou 4 heures du matin au milieu de la rue, une joute hormonale dans l’ascenseur de mon immeuble. Nous, sur le point de prendre feu, et le monde autour. Certainement la nuit la plus torride que j’ai eu l’occasion de vivre. Le premier jour du reste de ma vie.

Outre l’attirance et la sensation qu’il parlait le langage de mon corps, langage que je ne maîtrisais pas encore parfaitement moi-même, SB avait d’autres qualités. Nous pouvions parler de beaucoup de choses. De musique notamment. Nous allions au cinéma. Nous partagions des activités comme un couple sans en être un. Sans en être un. Je lui ai sûrement reproché tout ça, paradoxalement. Car je n’en voulais pas de ce couple. Je ne connaissais pas ses amis. Il ne connaissait pas les miens. Quand je voulais en savoir plus, il en disait le moins possible. Nous étions donc tous les deux, accompagnés des mystères et secrets qu’il portait bien serrés contre lui, au cas où ils s’échapperaient par mégarde.

Notre histoire, qui n’en est pas vraiment une, a duré quelques mois. 5-6 mois peut-être. Elle a clairement fait le lien (bound en anglais, d’où the rebound guy) entre ma rupture apocalyptique dont je porterai les séquelles jusqu’à la fin de mes jours, et ma vie d’aujourd’hui : bientôt 5 ans d’amour avec Lhomme, des projets, une maison, des voyages, et surtout une petite fille, qui me rappelle tous les jours que je ne me suis pas trompée.

Car je me pose parfois la question. SB  aurait-il pu être autre chose pour moi ? Je ne le considère pas comme un ex, car je ne le rattache à aucune blessure émotionnelle. Il ne m’a causé rien d‘autre que du bien. Le rencontrer et le connaître bibliquement a été salutaire. Et quand je l’ai revu, il m’a rappelé deux choses :

  • J’aime ma famille et ma vie telle qu’elle est aujourd’hui

  • Je crois bien que je l’ai aimé mais je n’en suis pas tombée amoureuse


J’aimerais être capable d’identifier précisément la différence entre aimer une personne et en être amoureuse. D’ailleurs, je m’interroge sur ma relation avec Lhomme. Suis-je amoureuse de lui ? Ou est-ce que je l’aime ? Un mélange des deux sûrement. Cela dépend des périodes.

Cela m’a fait beaucoup de bien de revoir SB. Je me suis sentie à la fois grisée et nostalgique et je n’ai rien dit à Lhomme au final. SB est mon petit secret. Penser à lui, c’est rêver.  Rêver de lui, c’est fantasmer.

Et il n’y a rien de mal là-dedans.
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Carry Anonymous
30 ans / 3 amants / Lhomme / Carry Bradshaw / Robert Downey Jr / La vie / Le sexe / Les doutes / Les autres / Et moi