Rions un peu. Une étude des plus sérieuses – Stanford, Madame, ça ne déconne pas – vient de prouver que les femmes seraient biologiquement "formatées" pour être plus sensibles à l'humour que les hommes.
Je ne vais pas m’étaler sur les détails de l’expérience, mais retenons-en les conclusions : l’observation de l’activité cérébrale de 22 filles et garçons de 6 à 10 ans indiquerait que le cerveau féminin serait mieux préparé pour apprécier l’humour et y répondre par le rire. Vu qu’il faut une belle complémentarité masculin / féminin pour faire un monde épanoui et équilibré, cela nous donne la répartition des tâches suivantes : les hommes produisent l’humour, les femmes le consomment.
Poussons le vice des conséquences logiques à cette « découverte » et on en conclura que, dans les lois de l’attraction génétique, les femmes volent tels des papillons vers les petits marrants et les hommes distribuent les bons points aux femmes qui savent rire à leurs blagues, drôles ou pourries, tant qu’ils blaguent. S’agirait pas d’être exigeantes non plus.
Ceci explique donc bien des choses :
- Pourquoi Bigard est censé être un mec drôle alors qu’il est juste salasse : c’est que c’est un homme donc quand il essaie d’être drôle, on est censé rire. Logique.
- Pourquoi il y a si peu de femmes humoristes : c'est que nous sommes faites pour être bon public et non pour faire le show. Sauf à avoir le talent d’une Foresti ou d’une Krief, mais ce n’est pas donné à tout le monde. Ce ne sont que les exceptions qui viennent confirmer la règle.
- Comment est né le stéréotype de la potiche, celui de la minette qui ne sait que se dandiner et rire bêtement à des blagues qu'elle ne comprend qu'à moitié : c'est que nous sommes nées pour honorer l'humour et l'esprit de ces messieurs.
- L'origine mystérieuse d'un adage pas si flatteur que cela, "femme qui rit, à moitié dans son lit" : c'est que nous sommes programmées pour succomber aux charmes des beaux parleurs, pourvu qu’ils soient drôles et tant pis s’ils sont cons.
- Pourquoi quand je fais une blague, je vis parfois de grands moments de solitude : c'est que je ne suis pas née avec la bosse de l’humour. Je suis née spectatrice, avec deux mains pour applaudir et des zygomatiques pour me marrer. On l'a pourtant déjà dit.
- Pourquoi j’ai des problèmes de communication avec les gros relous dans la rue, du genre de ceux qui tentent une blague des plus douteuses pour engager la conversation, et qui vous retorquent par un charmant « nan mais t’es pas drôle, t’as pas d’humour, j’déconne c’est tout et toi tu n’énerves » : c’est que l’homme est biologiquement programmé pour être convaincu d’être drôle, même quand il nous fait du harcèlement de rue ordinaire.
Me revient en mémoire un bien joli proverbe juif, à propos du rire justement : « l’homme pense, Dieu rit ». Et pourquoi donc rit-Il ? « Parce que l'homme pense et la vérité lui échappe. Parce que l'homme n'est jamais ce qu'il pense être ». Du coup, au risque de vous filer la migraine, je me demande si cette belle production de l’esprit humain qu’est cette savante étude scientifique, ne fait pas aussi gentiment sourire Dieu. Si « l’homme n’est jamais ce qu’il pense être », sans doute sommes-nous bien éloignés de la vérité, en croyant que les hommes sont naturellement destinés à être drôles et les femmes à en rire. C’est un peu comme ces vieilles croyances selon lesquelles l’homme était fait pour travailler, la femme pour enfanter et puis point barre. Là aussi, c’était scientifiquement prouvé, les hommes c’est des costauds et les femmes ça a un utérus.
Moralité, la prochaine fois que je vois une nana rire à gorge déployée en écoutant les blagues pas marrantes de son voisin, je ne dirais plus « quelle dinde ! », mais « quel joli bout de femme ! ».