Famille

La chose la plus puissante que vous puissiez dire à une autre maman

04 juin 2018 - 15 : 54
par Clémence

Il y a quelques mois, une de mes meilleures amies a perdu sa petite fille de 21 mois soudainement, sans que personne ne le voit venir.

Je suis allée la voir un weekend pour lui apporter mon soutenir dans cette épreuve difficile, et je dois l'avouer, j'étais très nerveuse : qu'est-ce que j'allais bien pouvoir leur dire, à elle et à son mari ? Comment j'allais trouver les mots pour la réconforter ? Qu'est-ce que je devais éviter de dire à tout prix ?

Je voulais vraiment trouver les bons mots, et d'habitude ça tombe bien, les mots, c'est plutôt mon truc. Je suis en général assez à l'aise pour m'exprimer, que ce soit à l'écrit ou à l'oral.

Seulement là, j'étais totalement désarmée devant sa perte. Moi j'ai deux enfants en bonne santé à la maison, alors comment pouvais-je vraiment comprendre ce qu'elle ressentait, elle dont la petite fille venait de mourir à même pas deux ans ? Comment j'étais censée l'aider dans son deuil et la soutenir dans un moment aussi horrible ?

Quand je suis arrivée chez elle, j'avais réfléchi à plusieurs phrases toutes faites et j'essayais de les garder en tête pour ne pas faire de bourdes et risquer de dire quelque chose de maladroit qui pourrait la blesser.

Et là, il s'est passé un truc dingue. Je n'aurais jamais pu imaginer que les mots qu'on s'échangerait pendant ce moment ensemble seraient aussi forts, puissants, et me pousseraient autant à prendre du recul.

Et je n'aurais surtout jamais imaginé que ces mots viendraient d'elles, et pas de moi.

D'elle. Oui oui, c'est bien ça. Mon amie, qui est clairement la personne la plus forte que je connaisse, m'a dit quelque chose pendant ce moment de deuil qui restera à jamais gravé dans ma mémoire. C'était une phrase tellement simple, et qui a pourtant touché une corde sensible chez moi.

Pendant qu'elle me décrivait ce qu'il s'était passé et les évènements qui avaient conduit à la mort de sa petite fille, elle essayait comme elle pouvait de me décrire ce qu'elle avait ressenti et le profond désespoir dans lequel elle avait été plongée pendant qu'elle tenait sa fille dans ses bras, à l'hôpital, pendant les minutes et les heures qui ont suivi sa mort.

Elle a décrit la scène comme son pire cauchemar, et elle a ajouté en sanglots, avec les larmes qui roulaient sans cesse sur ses joues, « Tu sais bien, toi aussi tu es maman ».

« Tu sais bien, toi aussi tu es maman ».

Quand elle a prononcé ces mots, j'en ai eu le souffle coupé et le peu de retenue dont j'avais réussi à faire preuve jusque-là pour la soutenir et tenir bon, tout s'est écroulé comme un château de cartes. Parce que c'est à ce moment-là, avec cette phrase, qu'elle a réussi à me faire comprendre l'intensité de sa douleur.

Bien sûr, jusque-là, j'avais le coeur brisé pour elle, car perdre un être cher est toujours difficile. Mais je dois avouer que je ne comprenais pas totalement quel était mon rôle en tant qu'amie.

Tout ce temps, j'avais cherché les bonnes choses à dire alors que j'aurais dû m'intéresser à ce qui nous lie le plus : le fait que nous soyons mamans toutes les deux.

Et même si je n'ai pas perdu d'enfant moi-même et que je n'ai donc jamais vécu cette souffrance de perdre un enfant, je comprends totalement la joie et le bonheur qu'elle a pu ressentir en tenant son enfant dans ses bras. Et de perdre ça ? Aucun mot ne peut suffire à décrire ce qu'on peut ressentir dans un moment pareil.

Sauf peut-être « Je sais bien, moi aussi je suis maman ».

Perdre un enfant est la pire peur de toutes les mamans — peu importe quel type de mère vous choisissez d'être. Bien sûr, nous sommes toutes différentes, nous avons toute une façon particulière de gérer le quotidien et nous mettons toutes en place des habitudes différentes dans notre famille, mais ce que nous avons en commun, c'est ce lien incroyable avec nos enfants.

« Tu sais bien, toi aussi tu es maman ».

Donc quand j'ai accompagné ma propre mère, chez qui les médecins ont détecté un cancer du sein, à sa séance de chimiothérapie et que j'ai vu dans la salle d'attente une jeune maman avec son petit garçon sur ses genoux, mon sang s'est glacé. Il avait peut-être 3 ans (c'est assez difficile à dire parce qu'il était tellement petit). Il portait une cape de Superman toute rouge et une blouse d'hôpital, et sa maman le berçait dans ses bras. Elle lui a murmuré quelque chose à l'oreille. Et là, j'ai eu l'impression que mon coeur s'arrêtait de battre pendant quelques secondes. Je me suis mise à sa place. Et les larmes me sont montées aux yeux, alors que je ne la connaissais même pas. Alors que je n'étais dans cette salle d'attente que depuis peut-être 30 secondes. Alors que ma propre mère était assise à côté de moi, sur le point de recevoir sa chimiothérapie. J'ai pensé que c'était dingue, que je ne connaissais même pas cette femme.

Mais je sais ce que c'est d'être maman.

Et quelques jours plus tard, quand je suis allée déjeuner au restaurant avec des collègues, j'ai entendu une des serveuses au téléphone devant l'entrée du resto. Elle venait d'apprendre qu'elle devrait faire le service du soir et n'arrivait à trouver personne pour faire garder son enfant. Elle était paniquée. Elle était bouleversée. Elle était en colère. Et quand je l'ai entendue, mon coeur s'est serré et les larmes me sont de nouveau venues aux yeux.

Parce que je sais ce que c'est, moi aussi, je suis maman.

Quand je suis retournée chez ma mère, le coeur brisé par le deuil de mon amie, après mon weekend passé chez elle, ma mère a essayé de me réconforter. Elle m'a demandé si j'allais bien. A moi ! C'était elle qui supportait des séances de chimio, c'était à moi de le réconforter. Et d'un coup, j'ai fini par comprendre pourquoi elle était si inquiète pour moi et pourquoi elle voulait savoir comment j'allais.

Parce qu'elle sait ce que c'est, elle aussi, elle est maman.

J'ai eu le même flash quand j'ai pris l'avion pour partir en vacances avec ma famille, et que j'ai vu une jeune maman rester debout pendant la quasi totalité du vol de 4 heures et demi avec son bébé dans les bras. Parce qu'à chaque fois qu'elle essayait de s'asseoir, le bébé recommençait à pleurer. Elle avait l'air épuisée, et frustrée. Elle regardait sa montre sans cesse, mais elle n'a pas faibli une minute et a continué à bercer son bébé tout en l'embrassant sur le front et en lui parlant doucement tout le long.

Je sais bien ce que c'est, je suis maman.

Et je me rends compte que c'est quelque chose que nous avons toutes en commun. Les mamans qui allaitent. Les mamans qui donnent le biberon. Les mamans qui travaillent. Les mamans qui prennent un congé parental. Les mamans qui veulent s'épanouir dans leur vie professionnelle. Les mamans au foyer. Les mamans pauvres. Les mamans riches. Les mamans qui ont des enfants malades. Les mamans qui ont des enfants en bonne santé. Cet amour immense, incroyable et inconditionnel que nous ressentons toutes pour nos enfants.

Et avoir conscience de ça, ça peut être douloureux, parfois. C'est pour ça que chaque pub qui dégouline de romantisme peut nous mettre en larmes. Qu'on n'arrive pas à regarder les infos sans avoir le coeur qui se serre. Qu'on pleure une fois arrivées dans la voiture juste après avoir déposé notre enfant pour son premier jour d'école. Que les allergies alimentaires nous font aussi peur. Que nos yeux se remplissent de larmes lorsqu'on entend parler de fausse couche, de problèmes de fertilité ou de déni de grossesse. Qu'on est debout jusqu'à pas d'heure quand on attend que nos ados rentrent à la maison. Que la seule pensée de notre enfant qui quitte le nid familial et prend son indépendance nous fait renifler. Que la mort de l'enfant d'une autre maman nous brise le coeur à ce point...

C'est aussi pour cette raison que nous devons toutes nous serrer les coudes et nous soutenir. Et là, je ne parle pas seulement des mamans qui vivent une souffrance inimaginable comme celle de perdre un enfant, mais aussi de toutes les mamans qui sont en difficulté ou traversent des moments difficiles... et même simplement de ces mamans qui ont juste une dure journée.

Faites-lui un câlin, posez votre main sur son avant-bras, souriez-lui, encouragez-la, dites-lui qu'elle s'en sort très bien, et si vous avez du mal à trouver les bons mots, tout ce que vous avez vraiment besoin de lui dire, c'est « Je sais ce que c'est, moi aussi je suis maman »..

Vous n'imaginez pas ce que ce soutien peut lui apporter. Vous avez vraiment le pouvoir de l'aider et de lui donner cet encouragement sincère qui fait chaud au coeur.

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Clémence
Je fais partie de la rédac' SBG, et j'aime écrire, sortir, m'amuser, manger (très important, ça aussi !) et partager. Je vous propose donc régulièrement de découvrir mes derniers coups de <3.