Famille

J'aurais voulu juste une minute

17 avril 2018 - 13 : 55
par Mylène Je sais bien que ce n’était pas possible, qu’il n’en était d’ailleurs même pas question. Mais je ne peux pas m’empêcher d’y penser…

Dès le jour où nous avons appris la nouvelle, j’ai compris. J’ai réalisé que tu ne pourrais pas naître, que ces petits coups de pied que je sentais dans mon ventre de femme enceinte de 6 mois déjà, je ne pourrais jamais les matérialiser, et que je ne pourrais jamais te voir.

J’ai accepté tout ça, et depuis 3 mois, j’ai vraiment fait du chemin. J’ai appris à pleurer la fin de cette grossesse, à renoncer à ce rêve d’avoir mon beau bébé dans quelques mois, à accepter cette terrible épreuve à laquelle la vie a décidé de me confronter.

Aujourd’hui, j’ai appris à prendre du recul, beaucoup de recul, tellement que parfois, quand on me demande comment je vais, je ne comprends même pas qu’on me pose cette question par rapport à toi, à ton absence, à mon accouchement, car pour moi, c’est loin, très loin, au bout d’un chemin lointain et masqué par un épais brouillard.

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J’ai accepté tout ça, parce que je sais que nous avons pris la meilleure décision pour toi. Tu ne pouvais pas survivre plus de quelques heures à ta naissance, et encore, au prix d’immenses souffrances, et même si nous ne voulions pas nous résoudre à renoncer à toi, nous savons que nous avons été de bons parents en pensant à ton bien-être avant le nôtre. Nous nous sommes occupés de toi du mieux qu’il nous a été permis de le faire, même si hélas c’était bien trop peu.

J’ai accepté tout ça, et c’est pour ça que j’arrive à avancer. Psychologiquement, je me sens bien. Je n’ai pas d’idées noires, je pense à toi avec joie, je revis souvent ma grossesse trop courte avec une immense bienveillance, et la pensée d’avoir au moins pu te sentir bouger dans mon ventre m’apaise, et m’apporte une grande paix intérieure.

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Mais, même si j’ai accepté tout ça et que je me sens apaisée la plupart du temps – plus fragile, encore plus sensible qu’avant, mais en paix – il m’arrive parfois des moments où mon cœur se serre violemment. Où, comme ça avait été le cas lorsque celui qui aurait dû être ton frère venait de naître, j’ai un besoin viscéral de tenir mon bébé dans les bras. De l’avoir contre moi, tout simplement, de sentir sa chaleur, sa respiration régulière, de lui caresser la tête et de lui chuchoter que je l’aime de tout mon cœur. De savoir que je suis là pour lui, pour le protéger de tout ce qui pourrait lui faire du mal, et de faire barrage avec mes bras, quitte à en perdre un ou deux dans l’histoire s’il le faut. Tout ça me traverse le corps comme un vrai coup de jus qui me fait revenir à la réalité.

Et lorsque j’ouvre les yeux et que je réalise ce besoin, je me rends compte que tu n’es pas là, que tu ne seras jamais là, et que je n’aurais jamais cette chance. Et ça me pince le cœur à m’en faire mal, j’ai l’impression qu’il pèse une tonne, qu’il est trop gros, qu’il est sur le point d’exploser. Ce cœur si lourd aujourd’hui, alors que le tien était au contraire trop petit.

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Dans ces moments-là, je ne peux pas être rationnelle. Je ne me souviens plus que je vais bien. Je ne me rappelle pas que je survis.

Je me dis juste que j’ai besoin de t’avoir contre moi, ma merveilleuse petite fille, là, maintenant, tout de suite, et que j’aurais voulu avoir une minute, rien qu’une petite minute pour pouvoir te prendre dans mes bras et te tenir tout contre moi.

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Mylène
Je suis Mylène, blogueuse, beauty addict, Rédactrice en Chef du webzine So Busy Girls et maman de 2 petits bouts. Et fana de chocolat. Et de bons polars. On avait dit "courte description" ?! Ah oui, j'ai oublié de dire que j'étais très (très très) bavarde...!