Culture

L'interview de Jean-Patrick Capdevielle

18 avril 2015 - 12 : 00
Aujourd’hui, j’ai la chance de vous proposer l’interview de quelqu’un que j’admire depuis longtemps et dont le nom est indissociable du rock : Jean-Patrick Capdevielle.

Un électron libre qui cumule les expériences et les réussites dans des tas de domaines artistiques (chanteur, musicien, auteur, compositeur, peintre et comme ce n’était pas encore suffisant, il a aussi été journaliste, animateur télé, scénariste et acteur….).

Qui est à la tête de succès phénoménaux aussi bien dans le rock que dans l’opéra (voui).

Histoire de remettre les choses dans leur contexte, Jean-Patrick Capdevielle ça veut dire :

  • album de platine, en tant que chanteur, dès son premier album. Cet album comporte l’énorme tube « Quand t’es dans le désert » (et c’est même pas sa chanson la plus vendue !)

  • 2 millions d’albums vendus, dans 25 pays, en tant qu’auteur et compositeur, pour « Carmine Meo » interprété par la soprano Emma Shaplin

  • 13 albums à son nom, dont 2 figurent dans le classement « Rolling Stones » des albums rock essentiels

  • des représentations à l’Olympia et au Palais des Sports de Paris

  • des collaborations avec des tas d’artistes français et étrangers


C’est un artiste engagé, qui défend ses idées et ses convictions, qui ne s’enlise pas de le convenu.

Jean-Patrick Capdevielle travaille actuellement sur son 14ème album. Et via la plateforme Kiss Kiss Bank Bank, nous permet d’en être coproducteur. C’était l’occasion de lui poser plein de questions ! Et il y a répondu de bonne grâce ! Merci Jean-Patrick !

***


jean-patrick-capdevielle



*) So Busy Girls est un webzine de blogueurs. Connais-tu l’univers des blogs ?


Pas vraiment, et je le regrette.

*) Pour les novices que nous sommes, peux-tu nous expliquer comment tu crées tes chansons en général ?


Je pars toujours d’une mélodie, ou plutôt d’une suite d’accords et d’une manière rythmique de les faire « tourner ». La mélodie naît d’elle-même, en chantant sur cette base.

Parfois, c’est le couplet qui vient d’abord ; parfois le refrain ; parfois la coda (la section de fin de la chanson) ; parfois… rien ;-)

*) D’ailleurs, as-tu suivi des cours d’écriture ?


Je n’ai suivi aucun cours. J’ai fait du journalisme pendant dix ans, dans des journaux très différents (de la presse jeune à la presse politique, en passant par l’underground et la presse people ; j’étais une sorte de mercenaire. Je travaillais pour me payer de la peinture, des toiles et des pinceaux).

Mais j’étais devenu un spécialiste des « chapeaux », la partie située entre le titre et le corps d’un article. Il faut être concis et efficace, dans ce métier, c’est très formateur.

Lorsque j’ai commencé à écrire des chansons, j’étais prêt.

*) Par rapport au début de ta carrière, trouves-tu que tu procèdes différemment ?


Je fais les choses d’une manière plus globale, plus simultanée.

La mélodie, la rythmique les arrangements et les paroles arrivent en même temps, par bribes ; elles (et ils), s’influencent mutuellement. Autrefois, je chantais une mélodie sur une partie de guitare, j’écrivais des paroles sur un bout de papier (que je perdais) et, hop, direction le studio… Pendant l’enregistrement, j’essayais juste d’empêcher les musiciens de faire n’importe quoi ;-)

*) En ce moment, tu prépares ton 14ème album. Est-ce que tu peux nous dire rapidement les étapes de la création d’un album ?


La manière la plus efficace, c’est de faire des maquettes (une version simplifiée de ce que sera la chanson une fois enregistrée, guitare voix, ou guitare clavier, par exemple). Ensuite (si on a un budget !), on entre en studio.

On enregistre la partie rythmique de la chanson, instrument par instrument ou ensemble (ce qui donne des bases beaucoup plus cohérentes, selon moi). On enregistre ensuite les overdubs ou re-recordings (re-re, en « français ») : guitares lead, claviers, percussions, etc. On les enregistre séparément ou par groupe d’instruments. Enfin, on termine avec les « prises » de voix et les choeurs.

Les enregistrements terminés, on « mixe », c’est-à-dire que l’on organise les sons les uns par rapport aux autres, en modifiant leur niveau, leur place dans la stéréo, en les modelant avec des effets sonores.

Pour terminer, on arrive au « mastering », c’est un travail sur le son global de la chanson, son niveau, sa dynamique. Et voilà…

*) Pour cet album, une collecte via Kiss Kiss Bank Bank est lancée, elle va te servir à quoi ?


Elle va me permettre de financer tout ce qui suit la création de mes maquettes : musiciens, studios, ingénieurs du son, etc. Mes maquettes sont terminées, ce sont les extraits que l’on peut entendre sur Kiss Kiss Bank Bank et sur ma page Facebook

*) Est-ce que c’est une solution qui te permet d’éviter plus facilement ceux que tu pointes du doigt dans « T’es pas fait pour ça » ?


C’est une vieille chanson, « T’es pas fait pour ça » ;-) - mais mon amour pour les « majors » n’a pas beaucoup changé.

Pour moi, ce ne sont que des usines à fric sans culture et sans âme. Elles ne s’intéressent qu’au potentiel commercial à court terme des artistes. On y exploite tout le monde : les instrumentistes, les techniciens, les arrangeurs et les artistes au profit du rendement des actions et des salaires des dirigeants.

Au mieux, ce sont des banques, qui vous donnent de mauvaises habitudes, au pire des boulets qui vous empêchent d’avancer. Parfois, les deux.

Je ne veux pas d’elles et je ne crois pas qu’elles veuillent de moi.

*) L’Olympia, ça t’a plus marqué que d’autres scènes ?


Mon premier Olympia a été une source d’émotions très fortes : entrer sur la scène sur laquelle j’avais vu se produire les Rolling Stones, Otis Redding, Miles Davis, Jimi Hendrix, etc. et voir à la fin de mon concert Véronique Sanson, debout sur son  fauteuil, ça laisse des souvenirs !

*) Dans ton répertoire, quel est le titre dont tu es le plus fier ou celui que tu préfères ?


« Salomé », « Le vent chaud », « En dessous du pont », « Les bruits de la nuit »…

*) Dans le répertoire d’autres artistes, est-ce qu’il y a une chanson dont le texte te parle tellement que tu aurais aimé l’écrire toi-même ?


« Like a rolling stone » de Dylan, « Avec le temps » de Ferré, « Ne me quitte pas » de Brel, la liste est sans fin…

*) En janvier, lors d’une émission en prime time sur France 2 (les 15 ans du Charles-de-Gaulle), un groupe d’artistes a chanté « Dès que le vent soufflera » de Renaud. Sauf que dans cette interprétation, certains couplets ont été délibérément coupés, intervertis, et que le passage de la « bite d’amarrage » a été remplacé par « plot d’amarrage ».

Tu en penses quoi ?


La bêtise pudibonde de cette époque n’a pas de limite ! Je suppose que personne n’a demandé son avis à Renaud (enfin, dans une certaine mesure, j’espère qu’il n’était pas au courant).

*) Pour finir, est-ce que le jour qui t’emmène loin des sables mouvants est venu ?

Il y a un salut et une vie hors du désert et hors des sables mouvants ;-)

***


Un grand merci à lui pour cette interview. Et n’hésitez pas à rejoindre sa collecte Kiss Kiss Bank Bank !
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Aggie Agit
Blogueuse du soir, bricoleuse du dimanche, décoratrice du jeudi, prieuse de Sainte-Rita à chaque situation désespérée, je suis aussi auteur amateur et maman…