Famille

La césa, youpi aïe aïe, youpi youpi aïe !

15 octobre 2014 - 15 : 00
par Whitebird
Pour cette très sérieuse étude, je me suis basée sur une l'expérience d'une primipare de 30 ans qui a vécu un accouchement digne d'un scénario de Jack l'éventreur (sans spoiler l’article, je peux quand même vous dire qu'il y a un happy end). Mais plus simple que d'aller chercher des témoignages de damoiselles voulant bien parler périnée et tout le tintouin... je me suis fait confiance pour vous livrer mes tripes sur une feuille blanche !

Je suis donc une « césarisée »... terme inscrit dans mon dossier médical comme si cela devait me définir à tout jamais. Pourtant, j'ai tout simplement donné naissance à un enfant, comme des milliards de femmes avant moi. Mais étonnamment, les réflexions du type : « T'as de la chance, t'as pas eu mal ! » ou « Tu te sens quand même maman ? » ne sont pas rares une fois rentrée au bercail.

Alors, pour parler de la douleur, il faut d'abord replacer les choses dans leur contexte, en l’occurrence le mien ! Je vous passe les détails techniques qui m'ont conduite à une intervention en urgence, mais me voilà debout dans ma chambre d'hôpital en train de pisser le sang ; expression qui prend alors tout son sens à ce moment précis. Cinq secondes plus tard, 6 infirmières me sautent dessus, m'allongent sur un chariot (me cognent dans chaque recoin de l'hôpital tellement elles sont paniquées) et me déposent sans plus attendre sur une table d'opération. Entourée de plus de 10 personnes, on m'annonce que je vais immédiatement tenter de mettre au monde mon bébé par voie naturelle, et ce sans la fameuse piqûre dans le dos qui fait cauchemarder toutes les femmes enceintes.

dr-house

Environ 2 minutes plus tard, changement d'avis du corps médical : ce sera une césarienne avec une anesthésie locale. Mais avant ça, ils vont tout de même devoir m'installer une sonde urinaire : ce qui donne donc contractions + je te fous un truc bien profond = joie suprême ! L'hémorragie continue encore et encore (c'est que le début d'accord, d'accord...), tandis que le verdict tombe, brutal et sans équivoque : le bébé est en difficulté, ce sera une anesthésie générale, et le papa attendra dehors... Je lui adresse un dernier au revoir, et j'arrive tout de même à lui dire « Une fois mais pas deux ! », avant que je ne sois plongée dans le néant le plus total !

(Moi : Zzzzzzz, le bébé : Ouinnnnnn)

Une heure plus tard (ou 2 ? ou 3 ?), je sors difficilement de mon sommeil, lorsque ma fille m'est présentée en chair et en os. D'un œil hagard, je scrute la petite chose, en me demandant si c'est bel et bien mon enfant que je tiens maintenant dans mes bras. «  Salut toi ! Il paraît que je suis ta maman, on fera connaissance plus tard hein ? Parce que là j'ai déjà du mal à me souvenir de mon propre prénom tu comprends... alors le tien ! »

Quoi qu'il en soit, on vient me l'arracher bien vite, puisque les médecins s'attellent maintenant à appuyer comme des forcenés sur mon bide, tout le sang indésirable contenu dans mon corps n'ayant pas encore voulu se faire la malle. A ce moment-là, j'ai juste envie de choper le bras de l'interne, de lui arracher de son corps et de le frapper avec. Raisonnable, j'opte pour la deuxième solution, qui est de souffrir en silence... Ce seront donc quelques heures de plus d'observation pour moi en salle de réveil, sans pouvoir boire ne serait-ce qu'une seule goutte d'eau, alors que je serai prête à lécher ma sueur tellement je suis desséchée !

dexter

On m'annonce enfin que je peux remonter dans ma chambre, où je retrouve ma fille et mon chéri. Mais comme vous pouvez l'imaginer, une fois qu'on vous a tranché le bide, il n'est pas envisageable de faire quoi que ce soit, tellement la douleur vous plie en deux ; et ce pendant plusieurs jours. J'insiste bien sur l'expression « pliée en deux », puisque les rares fois où j'ai pu me lever (pour aller aux toilettes, pas pour me faire un tennis), je ressemblais trait pour trait à un Gargamel de 98 ans qui souffrirait d'une camptocormie (les plus intéressées iront fouiner sur Doctissimo !).

Tout ce récit (effrayant) pour vous parler de la douleur donc, qui serait soi-disant inexistante comparée à celle que ressentent les « vraies mamans », entendez par là celles qui font sortir leurs progénitures par leurs vagins ! Ce à quoi j'ai envie de répondre, je n'ai jamais eu aussi mal de ma vie, alors non ! Je ne crois pas être différente de vous !

Et puis il y a l'après : ces agrafes tellement seyantes, qui vous transforment tout à coup en une version fatiguée et irritable de Robocop. La cicatrice, outre le côté psychologique qui est assez difficile à gérer les premières semaines, représente surtout plusieurs inconvénients sur le plan physique :

  1. C'est moche !

  2. C'est inconfortable, gênant, désagréable, puisque cette partie du corps devient et restera insensible, engourdie... Très difficile à décrire, je vous invite à vous sectionner les nerfs pour mieux comprendre mes propos... ou plutôt de l'imaginer... plus pratique et moins cher en pressing !

  3. C'est encore moche !


A noter également, l'incapacité de s'occuper du bébé, et le fait de voir des étrangers défiler pour changer et laver ton enfant. Et enfin l'allaitement, beaucoup plus difficile dans ces conditions, puisque ton propre gosse, en plus de te titiller les tétons, prend déjà goût à te donner des tout petits coups de pieds dans le ventre. Ne pouvant pas lui rendre la pareille, tu te contentes de respirer à fond et de choisir la douleur que tu préfères : celle des crevasses sur ta poitrine ou celle de la cicatrice qui tiraille.

Donc suis-je une vraie maman ? Incontestablement ! Est-ce-que j'envie celles qui ont accouché de manière dite « normale » ? Pas vraiment au final... j'ai échappé à l'épisiotomie et à la tête de mon chéri s'évanouissant à la vue de mon vagin XXXL. Mais par pitié mesdames, arrêtez de penser qu'il n'y a que l'accouchement par voie basse qui vaille... de toute façon, vous n'aurez certainement pas le choix ! C'est dame Nature qui décidera pour vous ; alors lorsque sera venu le temps des cours où l'on vous apprendra à respirer comme un petit chien, pensez bien à cette petite histoire... en vous préparant à l'éventualité que tout ne se passera peut-être pas comme prévu, mais que tout se passera bien quand même !

PS : Avis aux âmes sensibles traumatisées par tout ce que j'ai pu dire et qui pensaient que l’accouchement était uniquement un moment extraordinaire rempli d'amour et de larmes d’émotion :

  1. Je suis unique, mon accouchement l'est aussi !

  2. Avec le temps va tout s'en va, même le souvenir d'une douleur insurmontable !

  3. Un accouchement empêche rarement une maman de retenter l'expérience quelques années plus tard ; ce qui prouve bien que c'est quand même chouette tout ça ! Et puis on est fortes, c'est pas un peu de sang qui va nous empêcher de devenir une mère débordée et hystérique comme nos propres mères avant nous !

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Whitebird
Je suis Whitebird du Goldfish Gang, un blog lifestyle de 3 filles qui aiment partager leurs expériences, leurs avis, leurs humeurs... mais toujours avec une pointe d’humour ! Vous pouvez nous retrouver du lundi au vendredi tous les matins pour un nouveau billet, et tous les soirs à 18h00 pour un bon plan.