Famille

Le phénomène du « fantôme » ou l’histoire d’amour « manquée »

25 août 2014 - 08 : 00
par StefyStef
Alors qu’hier, vers 18h30, à l’apéro, je terminais un demi de Grim en boulotant 3 cacahuètes (tranquille, quoi), une amie me posa la question suivante : « dis, tu crois qu’on peut passer à côté de l’amour de sa vie sans le savoir ? ».

Prise au dépourvu devant la soudaineté de cette grave question (bordel, j’étais peinard moi !), je me commandais immédiatement une double pinte. Puis, dans un silence révérencieux, j’allumais une cigarette, tirais une méga grosse latte et risquais, hésitante, un «  et toi ?… ». Ah ah ah, la fille est courageuse !

En fait, j’étais tentée de dire « oui, bien sûr » et d’un autre côté, à peu près simultanément, j’avais envie de crier « non, bien sûr que non ! » – les fils qui se touchent, quoi.

Amour_fantome_doutes

Bref, oui, il existe bel et bien des histoires d’amour à côté desquelles on a su magistralement passer, sans vraiment trop savoir ni pourquoi ni comment d’ailleurs, on les a juste laissé filer.  Bon, bien sûr, je ne parle pas des amourettes fugaces, je parle vraiment de cette GRANDE histoire qui n’a jamais pu exister, qui est morte dans l’œuf  et qui, par conséquent, assombrit encore notre cœur d’amers regrets. Ah mon dieu, je pleurniche déjà…

La genèse de cette fameuse histoire d’amour négligée qui deviendra plus tard ton « fantôme », c’est  un scénario, bien qu’extrêmement romantique, s’est avéré un tantinet cafouilleux.

Step 1 – Un jour, tu croises une personne incroyablement idéale, une chose à peine croyable. Au début, on préfère parler  d’une amitié complice, douce-heureuse, d’âmes sœurs. Puis, arrive très vite ce « je-ne-sais-quoi » d’étrange – traduire : la baleine sous le gravillon. Tu me diras, jusque-là, c’est le schéma classique du début d’une histoire amoureuse, mais…

Step 2 – Comme la rencontre est un peu, voire totalement, folle – on dirait bien que quelqu’un a trouvé l’homme/la femme de sa viiiie, hihihi – tu as décidé de te poser un milliard de questions avant de te lancer. Et c’est parti pour les contes de mille et une nuit dans ta tête : au café, sous la douche, dans le métro, à la photocopieuse, dans ton lit, au petit dej’…

Outre tes rêveries de becquasse,  tu commences à avoir envie de le voir plus souvent, de l’écouter raconter ses histoires d’enfance (même si c’est rasoir et que cela ferait mourir d’ennui même un bulot). Tu deviens cucul.

Step 3 – Et pourtant,   cette relation, qui semble être touchée par la grâce, reste platonique et fait du sur place. Aucun des deux ne saute le pas. Ça passe des soirées à discuter pendant des heures, ça se raconte des merveilles, parfois même ça va jusqu’à dormir l’un près de l’autre – sans rien, je précise, même pas de touche-touche pipi – et au final, queue de chique, nada… QUE DALLE !

Step 4 – Bref, à coup de temps qui file et d’hésitations multiples – parce que lui non plus ne se lance pas, BON SANG DE BOIS – tu laisses une première année passer et le dossier va doucement aller se ranger en haut d’une étagère. Classé « non élucidé ».

Step 5 – Et arrive ce moment fatidique, celui qui scelle le tout : l’autre commence à te parler des rencontres qu’il a faites récemment. Ce dont il ne parlait jamais avant…

AAAH mon COOOOEUR SE TORD DE DOULEUUUUR…

Amour_fantome_regret

Alors, que s’est-il passé ? Ou plutôt, pourquoi ne s’est-il rien passé ?

Quelques hypothèses :

- Une histoire de timing, parce que tu es déjà en couple, par exemple, et que tout péter pour une histoire qui a l’air géniale sur le papier mais dont on n’est pas sûr… Bon.

- Ou, ta tête est prise par d’autres sujets, tu sors d’une histoire douloureuse et il est HORS DE QUESTION pour ton petit cerveau de replonger. Peur panique.

- Ou une ignorance volontaire. C’est-à-dire que la chose est alors tellement énorme que tu as décidé de ne pas y croire et de  botter en touche. Et si c’était vraiment l’homme de ma vie là… Hé, oh, c’est chaud ! Non, pas prête je suis. Je mets mes œillères et je lui trouve mille et un défauts pour me rassurer.

- Ou encore, une histoire de phéromones boitillantes ? Parce que c’est toi la moche, en fait, dans l’histoire : l’autre s’est imaginé t’embrasser et son rêve s’est terminé par un « beurk ». A voir.

- Ou (tellement d’hypothèses ! Rho là la !), on a préféré rêvasser à foison sans jamais risquer de prendre un vent et de foutre par terre cette idylle imaginaire. Bien que l’histoire fut clairement évidente  (baleine, je rappelle), on a eu peur d’oser et on a préféré se recroqueviller sur nos petits rêves tout doux, ceux qui ne nous feront jamais de mal.  Problème d’ego ?

Après, on peut se rassurer en se disant que c’était juste un « crush » hasardeux qu’on a transformé en amitié parce que c’est moins compliqué et que, clairement, cela fera moins mal le jour où ça s’arrêtera. J’ai lu quelques articles sur une génération de jeunes adultes qui n’osent plus aimer et qui se trouvent d’autres formules pour fabriquer des amours-amitiés… maîtrisées. Encore un truc à développer, sujet VASTE.

Au bout du compte, quelles qu’en soient les raisons, on en arrive à cette punition ultime : le syndrome du fantôme. Cet amour loupé auquel on aime bien repenser en hiver… quand on se roule dans nos couettes de déprime en pyjama rose porcinet…  On le fantasme fort parce qu’on ne sait pas de quoi il aurait vraiment eu l’air. Il est magique. En fait, on le chérit, cet amour loupé choisi.
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