Culture

L’art d’être artiste chanteuse-compositrice-interprète à 22 ans

30 juin 2014 - 16 : 00
par Emmzie
Ce n'est pas tous les jours qu'on rencontre quelqu'un qui sait ce qu'elle doit faire dans la vie – chanteuse – et qui se lance dans la bagarre à corps perdu.

La semaine dernière, on vous a présenté Victoria Picone, une mini chanteuse franco-canadienne (rien à voir avec Coeur de Pirate), dont les vocalises disponibles ici ont été récemment masterisées par les mêmes mains de maître que le dernier album des Arctic Monkeys.

On a eu la chance de pouvoir papoter avec elle, et on lui a demandé pour vous :

Victoria, à 19 ans seulement, après une scolarité honorable, pourquoi t'es-tu lancée dans une carrière de chanteuse ? Rêve de gamine ? Rêve de paillettes ? 

Ce n'est pas vraiment un choix, je ne peux rien faire d'autre qui aura la magie de me rendre aussi heureuse.

Comment ça, "pas le choix" ? On a toujours le choix ? Ça ne sonne pas un peu prétentieux, ça ? J'ai réfléchi un peu plus et je me suis rappelée cette phrase du philosophe René Maria Rilke dans ses Lettres à un jeune Poète (comment elle étale sa science !? eh ouais, c'est mon article) : 

Entrez en vous-même, cherchez le besoin qui vous fait écrire : examinez s'il pousse ses racines au plus profond de votre cœur. Confessez-vous à vous-même : mourriez-vous s'il vous était défendu d'écrire ? Ceci surtout : demandez-vous à l'heure la plus silencieuse de votre nuit : "Suis-je vraiment contraint d'écrire ?" Creusez en vous-même vers la plus profonde réponse. Si cette réponse est affirmative, si vous pouvez faire front à une aussi grave question par un fort et simple : "Je dois", alors construisez votre vie selon cette nécessité.

Crédit photo : Maxie G Crédit photo : Maxie G


Elle a confirmé : 

Rilke vous dit tout par cette citation ! Composer une chanson demande de plonger au plus profond d’une émotion, d’explorer tout ce qu’il y a autour, pour pouvoir utiliser les meilleurs outils d’expression : rythme, paroles, mélodie, intention, instrumentation.

Sans musique, je mourrais à petit feu… Je ne suis pas capable de me séparer de ce qui me rend vivante et heureuse. Je me reconnais tout à fait dans cette citation.

Ça, c'est le point de départ de tes compositions, mais on est beaucoup à évacuer les trop pleins émotionnels par l'écrit, pour autant, ça ne fait pas de nous des auteurs compositeurs. Comment ça se passe, ensuite ? Qu'est-ce qui te fait aller plus loin ?

Une fois que tu es dans l’essence de la chanson, quand tu en tiens la force, la mélodie, les paroles, l'émotion tu es comme dans un tableau : tu peux explorer les possibilités, les paysages, les couleurs, le mouvement... Ensuite à toi de voir si tout s’accorde et a le potentiel d'être beau et/ou intéressant.

D’ailleurs, c'est seulement quand je commence à avoir un aperçu du tableau de l'intérieur, que tout prend sens et s'harmonise que je sais que je suis bien partie.

En gros, tes chansons sont les résumés d'énormes peintures ?

C'est ça : un résumé de sentiments, d’humour, d’histoires, de comportements, de conséquences de nos actes, de réactions qu’on peut avoir face à une situation particulière, et qui peuvent varier en fonction des cultures et des histoires, de l'espace temporel dans lequel je veux plonger, et surtout l'interaction entre les gens. Ça crée tout un monde auquel n'importe qui peut s’identifier.

Ton nom de scène est ton nom à la ville. Pourquoi ne pas t'être inventé un personnage pour le show ?

J'ai essayé de changer de nom mais je ne me reconnaissais pas. Je suis Victoria Picone. Je ne joue pas un rôle, je révèle simplement un "moi profond" qui passe mieux dans un personnage de scène. Mais ça me permet aussi de rester connectée au réel car je ne veux pas me couper du monde, mais me « donner » au monde – au sens où ce n’est pas toujours facile d'accepter d'être un peu différent. Avec le temps, j'apprends et je prends confiance en moi, mais je vis en constant travail d'adaptation aux personnes qui peuvent juger un peu vite ce qui échappe à la norme.

 Ça, c’est Victoria Picone sur scène. Et à la ville ?

L’autre facette est celle qui veut que je reste équilibrée, rationnelle, dans le concret. Le but est d’éviter de vivre déconnectée, perdue dans un personnage d’artiste et donc de souffrir trop – notamment de solitude. De toute façon, sans ce côté concret qui capte le réel, se nourrit de la nature et du monde, je n'ai pas de matière pour créer. La vie et les gens sont mes principales sources d'inspiration.

Pour finir : dans un milieu professionnel pas forcément facile, quelle est ta règle de survie ?

Essayer d’être honnête, sincère et à l'écoute des gens, car ils me permettront toujours de rester humble et de continuer à travailler pour être quelqu’un de meilleur !

On espère que maintenant, vous avez une idée de ce que c’est que d’essayer de se lancer dans une activité d’artiste à 22 ans en 2014.



Prochains concerts :
- 21 Août à Magolone
- 24 Août Paris, à la butte de Montmartre

Pour en savoir plus (et écouter beaucoup), rendez-vous sur Soundcloud, sa page Facebook et son site Internet.
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