Humeurs

Le pire mariage de ma vie

11 avril 2016 - 10 : 58
par Dajesbox

À l'heure du mariage pour tous, j’ai eu l’incroyable chance il y a deux semaines d’être invitée à l’union de Kevin et Brenda (les prénoms ont été changés par soucis de confidentialité mais on en n'est pas loin).

Rien qu’à entendre les prénoms, vous vous doutez bien qu’on n’a pas eu le droit à du Beethoven à la commune (mairie chez les amis français), faudrait-il encore qu’ils sachent qui est ce formidable compositeur. En attendant, c’est le nom de leur dernier petit chien.

Tout a commencé le jour où j’ai reçu dans ma boîte aux lettres un magnifique faire-part rose bonbon découpé aux ciseaux dépossédés de leurs moyens illustrant les futurs amants en tenues disco, me joignant à ce mariage « à thème » vous l’aurez compris.

Le problème était là, je ne pouvais pas refuser, Kevin est un ancien collègue de mon mari, toujours prêt à filer un coup de main (couper du bois, faire des gros tas de bûches pour l’hiver) et Brenda est trop sympatoche pour que je décline l’invitation. (Je me rappelle encore du dernier cadeau qu’elle a offert à mon homme : un écusson à ventouse destiné à notre Ford avec écrit : « d’habitude je roule en BMW, mais là elle est au garage ».)

Le cadre était posé, j’avais un mois pour mettre mon estime de côté, un mois pour trouver une tenue ridicule, un mois pour accepter d’être une des leurs ne serait-ce que quelques heures.

Je me suis dit dans un premier temps que je n’étais pas préparée à tout ça, que même fortement alcoolisée, je n’aurais pas le mental requis pour tenir toute la Night de Folie. Qu’il serait difficile de danser la Macarena en leggings à paillettes sans une préparation psychologique.

J’ai donc entamé une véritable cure, qui ferait office d’anesthésiant le Jour J. Une dose de Reichmann le midi, une dose de Dechavanne le soir, complétée par quelques tubes de Vitaa et un abonnement à Tuning Mag.

Rien ne sert de décrire ces longues journées de souffrances et de remises en question, je vous propose de revivre avec moi minute par minute ces moments intenses.

16 heures : Nous arrivons à la commune d'Anderlecht, lieu des formalités administratives (aucunement symbolique, ce mariage). Pas de surprises, de la belle groseille tout autour de nous, gourmettes aux poignets, croix plaquées or au cou... La Fashion Week d'un autre monde en somme...

16 heures 25 Kevin et Brenda arrivent dans une magnifique Xantia orange tunée par Randy, le pote garagiste de Kevin. Une belle robe pour la mariée, et un magnifique assortiment jean / costume / Nike pour l’époux.

17 heures La cérémonie est terminée. Nous nous postons à l’extérieur de part et d’autres de la salle. Francine, la mère de Brenda nous distribue à chacun des paquets de confettis sûrement faits maison vu la taille et l'odeur des machins. Nous n’avons plus qu’à attendre la sortie des mariés signant deux trois paperasses à l’intérieur. Le club de foot de Kevin est là pour l'occasion, socquettes et ballon à la main, sinon ce n'est pas marrant, reprenant les plus beaux titres de la buvette dominicale.

17 heures 03 : Les mariés sortent. Brandon le frère de Kevin lance le paquet d’un trait sans même avoir enlevé l’emballage. Cela fait rire Caroline, la copine de Brenda venue faire un film pour l’occasion. Nous apprendrons plus tard que la caméra succomba au jeu du « Lancer des assiettes ».

17 heures 30 : Nous rejoignons la salle de réception du club de foot en voiture. Klaxons, chants paillards au mégaphone sont de la partie. Je décide de rester dans notre Ford afin d'attendre que la ferveur retombe. Mon mari m'y laisse seule, je finis par m'endormir ayant vécu une nuit des plus blanches la veille, ma fille avait retapissé sa chambre d'un somptueux rouge tomate mal digéré et mon fils étant très amoureux de sa maman a eu du mal à s'endormir seul...

Je me réveille de longues minutes après. La suite des événements ne me permet pas de vous les décrire dans le détail.

Tout juste sortie de la voiture, je comprends très rapidement que je me trouve à quelques pas du temple de la groseille. Je décide donc d’y aller malgré ce fond sonore qui m’est déjà désagréable et qui me laisse imaginer le pire. (Tu peux écouter pour mieux te sentir concerné par la suite).

La porte à peine ouverte, le spectacle est effroyable. Les mariés dansent sur les tables, Kevin semble avoir bien entamé son capital résistance à l’alcool, et son strip-tease par la même occasion. J’ose demander à Brenda l’heure du repas, elle me rétorque simplement que le buffet et d’ores et déjà terminé mais qu’il reste un peu de salade de pâtes en cuisine. Après tout, c’est la crise pour tout le monde.

Je décide de retrouver mon cher et tendre dans la masse et de me servir une coupe de champagne (qui sera finalement un gobelet de Champomy) par la même occasion.

Je me retrouve alors parmi des gens complètement saouls ! Ceux qui chanteront à 5 heures du matin « le doigt dans le cul » de Laurent Gerra, ceux qui imiteront Johnny, cigare à la main, déclenchant au passage l’alarme incendie de la salle de foot.

C’est donc sur ces airs de Chenilles que je prends l’initiative de proposer à mon mari de quitter le champ de bataille, remerciant brièvement Kevin, trop occupé à suivre les résultats de la ligue 1 sur son Smartphone.

Mes chers amis politiciens, vivez ne serait-ce qu’une fois cette situation, voyez ce qu’est le mariage type d’un belgo-débilisé, et osez l’étendre à tous après ça. Vous verrez, vous reculerez pour peut-être même l’interdire !

(PRECISION : Il y a beaucoup d'humour dans cet article :))

Et vous, quel a été le pire mariage auquel vous ayez été invité ? 

Ajouter les points
12
Points
Dajesbox
Libraire spécialisée, gribouilleuse de bafouilles, dévoreuse de quatrième de couverture, passionnée d'Histoire et de moult choses dont l'univers STAR WARS, Kaamelott, les Comics books, les zombies, Hitchcock, Londres... Je suis également la maman de deux magnifiques enfants.