Famille

Quand allaiter devient un acte militant…

28 août 2013 - 13 : 55

Je ne vais sans doute pas me faire que des amies aujourd’hui, si on considère le nombre incroyable d’articles sur l’allaitement qui circulent sur les blogs. Pas une journée sans en voir passer un. L’allaitement donne des ailes ! Allaiter n’est plus seulement un acte personnel, cela devient un combat sur la place publique.


Je ne suis pas contre l’allaitement… quand il est pratiqué en toute sérénité, sans pression. Je n’ai pas eu à me poser la question du pour ou du contre. J’ai adopté mes enfants. Mais j’assume être contre l’allaitement militant et toutes les leçons de vie et les culpabilisations qui vont avec.


J’entends souvent « oui mais toi tu as adopté, donc tu n’as pas pu allaiter. Tu n’as pas eu le choix. C’est différent ». J’en deviendrais presque une brebis égarée qui ne sait simplement pas de quoi elle parle. Pour être honnête, je n’ai jamais envisagé d’allaiter, même avant de savoir que je n’aurai pas d’enfant biologique. C’est quand j’avoue cette non-envie que, habituellement, on me sort « oui mais tu aurais changé d’avis si tu avais mis tes enfants au monde ! ». Mais merde ! Qu’en savez-vous ? On va aussi me dire que quand on essaye, après on adore, que même si c’est dur au début, faut se forcer… bref, toute la panoplie de la parfaite mammifère mère allaitante.


J’ai travaillé en maternité. J’ai accompagné des mamans pour leurs premières mises au sein. J’ai adoré participé à ce moment délicat et émouvant. J’ai aussi accompagné et rassuré des mamans qui souhaitaient biberonner tranquillement, sans qu’on vienne leur faire la morale et tenter de les convaincre qu’elles faisaient mal.


Allaiter oui, mais pourquoi militer ? Pourquoi ne pas vouloir entendre que certaines n’ont pas les mêmes envies que d’autres? Pourquoi ne pas envisager que pour certaines (dont moi) le biberon n’est pas le diable, mais au contraire un allié sans faille de la mère et du père. J’ai parfois l’impression qu’une maman qui allaite et milite a un ange (le sein) sur une épaule, et un démon (le biberon) sur l’autre.


Personne ne vous empêche d’allaiter votre bébé, votre enfant. Mais n’essayer pas de convertir les autres. J’ai le sentiment parfois que les mères qui ne souhaitent pas allaiter sont prises au piège des leçons et d’une certaine propagande ; ça me fait le même effet que si un témoin de Jéhovah sonnait à ma porte et me lâchait un « rejoins-nous petit scarabée ! Suis le droit chemin ! L’allaitement c’est le bien ! Le biberon c’est le mal ! Rejoins le côté clair de la force laiteuse, sinon un avenir gris vous attend ton rejeton et toi ! Coupable tu seras ». Coupable de quoi ? Pourquoi vouloir convaincre à tout prix ?


On peut argumenter que pour avoir une telle vision des choses, je dois sans aucun doute être mal avec mon corps, avoir une pudeur exacerbée, être intolérante ; c’est sans doute vrai. Parce qu’en plus d’être contre le militantisme, j’admets être choquée quand je vois une maman allaiter un enfant de plus de quelques mois un an. Choquée dans la vision, dans l’idée même. Pour moi, cela n’a rien de naturel. Surtout en public. Je ne vois pas en quoi donner le sein se faire prendre le sein par son enfant de un, deux ou trois ans est beau. À mes yeux, le sein ne représente plus qu’un garde-manger sur pattes et à disposition. Mais putain, chez moi, le frigo, à deux ans, ce n’est pas open bar !


Un jour, je discutais avec une copine qui allaitait son bébé enfant (mais ne militait pas). On papotait tranquillement. L’enfant est arrivé, s’est installé, a déballé le sein de sa mère et l’a mangé (enfin tu vois ce que je veux dire). Sans rien demander. Chez moi. Sous mon nez. Ne me parlez pas de relation mère-enfant. Je ne vois là que l’emprise d’un enfant sur sa mère.


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Source photo : www.blog.allaitement.sibellia.fr


Ma sœur a allaité ses quatre enfants. Elle a expliqué un jour, à une amie qui avait son enfant malade « comme dit (ouais ma sœur commence souvent ses phrases comme ça et je déteste) t’avais qu’à allaiter. Je t’avais dit. Regarde les miens… blablabla… ». Ma sœur, je n’aimerais pas l’avoir comme amie. Faut arrêter le délire. On fait maintenant des laits infantiles complets et parfaitement adaptés aux nourrissons qui deviendront de beaux enfants en bonne santé. La preuve, les miens.


Les mères qui ont choisi de ne pas allaiter ne nous saturent pas de discours pro-biberon ! Epargnez moi un « c’est parce qu’elles savent que ce n’est pas bien ». Pourquoi revendiquer à ce point l’allaitement ? On frôle parfois l’overdose et le prosélytisme. Allaiter oui, en parler, partager, pourquoi pas… mais militer à outrance, culpabiliser, vouloir convertir, non ! Sous couvert du bien être de bébé, les propos peuvent parfois être radicaux et totalement doctrinaires.


Je me demande si ces personnes peuvent imaginer une seule seconde que non, être un frigo sur pattes pour son gosse n’est pas un trip qui éclate tout le monde. Oui, donner le biberon à son nouveau-né peut être beau et permet aussi une jolie relation avec son enfant. Non, ce n’est pas en culpabilisant qu’on obtient des mères biberonneuses qu’elles allaitent sereinement. Non, toutes les mères ne rêvent pas de donner le sein. Oui, allaiter c’est bien. Biberonner aussi.


Source première photo : www.blog.allaitement.sibellia.fr


Article rédigé par La Carne.



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