Mode

Mon dressing est schizo

14 juillet 2016 - 08 : 36

Mon dressing (enfin mon dressing... dans mes rêves ! Dans la réalité, c'est juste une commode et une étagère) est atteint d'une drôle de maladie.

J'ai eu longtemps honte de l'avouer, de peur que ça ne révèle un problème plus sérieux chez sa propriétaire (donc moi-même, pour celles qui suivent), un souci de confiance en soi, un trouble de personnalité mal affirmée... Mais aujourd'hui, je le crie haut et fort : mon dressing est bipolaire !

Schizo, totalement timbré, barge, anachronique, soufflant le chaud et le froid. 

Mon dressing fait du 38, du 40 voire du 42. Il hésite selon les mois, les années, mais il conserve toujours tout. De peur de se porter la poisse en jetant tout le 42 quand c'est le 38 qui est de sortie. Pour se motiver, quand c'est le 42 qui est dehors.

Mon dressing est en pleine crise d'adolescence, jeans larges, chemises à carreau et Doc Martens. Les pieds traînent quand ils marchent, le bas des jeans sont limés, ça ne va pas fort, ils ne font même pas l'effort d'éviter les flaques de boue quand il a plu.

Pourtant, juste à côté du jeans troué aux coutures qui lâchent, ça se la pète, ça brille comme une boule à facette. Une robe bustier en satin noir. Une robe qui n'a pas grand chose à raconter, elle n'est sortie qu'une fois. Mais quelle fois ! Une montée des marches au Palais du festival de Cannes. Elle ne ressortira probablement jamais mais elle continue de parader, de raconter aux chemises à carreaux qu'il faisait chaud, que ça sentait bon la plage et même que Brad n'était pas bien loin. Et encore mieux, ce jour-là, la proprio souriait parce qu'elle se trouvait plutôt pas mal du tout. Les escarpins violets peuvent confirmer.

A côté, il y a tout un assortiment de fringues anglaises, rangées ensemble histoire qu'elles discutent vu qu'elles parlent la même langue. Chinées à TopShop, quand Madame vivait à Londres. Des minis plus que minis, des shorts riquiquis, des couleurs flashy. On s'en fout de la pluie. Mais arrivées en France, ça semblait moins facile de sortir le cuissot à l'air. Alors, ça devient l'uniforme des chaudes journées d'été. 

Un peu plus loin, un peu plus sombres, des pulls noirs et gris, parsemés de trou de boulettes, qui me rappelle que j'ai été, pendant quelques mois, une fumeuse maladroite. Les manches sont détendues, on a trop tiré dessus, de sales histoires à cacher, les points serrés.

Des pantalons droits. Des vestes cintrées. Un badge « employée du mois ».

Une robe achetée spécialement pour un garçon qui n'a jamais voulu dire son nom.

Un haut avec un décolleté plongeant, acheté pour un garçon auquel j'aurais dû dire non.

Des trucs achetés en soldes, pour quand je serais vieille. Ou si j'ai la crève.

Des chaussures de princesse. Des chaussures de pétasse. Des chaussettes trouées.

Bref, mon dressing, c'est un mélange entre une machine à remonter le temps et la caverne d'Ali Baba. J'adore ces fringues, ces fripes, ces bouts de tissus. J'adore acheter de nouvelles choses. J'adore qu'il n'y ait plus de place. Que ma jupe plissée du collège côtoie collé-serré ma dernière folie Asos.

Ce que j'aime dans la mode, c'est découvrir de nouvelles choses, à chaque saison, de nouvelles associations de couleurs, de matières, de nouvelles façons de porter le court, le long. Je ne regarde pas  un défilé en me disant « Ok, je vais porter ça et du coup, ce truc de la saison passé, je peux le jeter ». Je ne suis pas les magazines, ni les vitrines. Je pique des idées. Je garde tout, je mélange, je retrouve une jupe trop courte que j'avais oubliée. Oh miracle, aujourd'hui, je rentre parfaitement dedans. Je choisi un collant violet comme ne savent les faire que les petites anglaises. Ma paire de Doc Martens vert bouteille, toutes délavées. Un vieux pull aux manches étirés, ça tombe bien : il fait froid. Une chemise à carreau grunge comme écharpe.

Je ne suis sûrement pas à la mode, in, fashion ou tendance. Mais mon dressing ne ressemble qu'à moi. Et je l'aime comme ça.

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